Les masques de Venise : une tradition ancestrale

Depuis plusieurs siècles, le Carnaval de Venise est un rendez-vous incontournable de la Sérénissime dont la renommée vient surtout de ses masques. Arlequin, Bauta, masque en dentelle de Burano… Entre illusion, fantaisie et vérité, ces oeuvres d’art tantôt accessoires de théâtre, tantôt objets de cultes, sont aujourd’hui les symboles du carnaval vénitien. Voici une immersion festive dans l’une des plus belles traditions de l’Italie expliquée par le guide expert Walter.

BURANO ET TORCELLO DEPUIS VENISE

Carnaval, transgression et masques de Venise : une histoire très ancienne !

Depuis le 6ème siècle, les vénitiens se déguisaient et animaient leur ville pendant deux mois, du 26 décembre à Mardi Gras. Bals, pièces de théâtre, spectacles de rue, défilés et jeux divers envahissaient les rues et bousculaient l’ordre social, abolissant les privilèges et les tabous. Masqué et deguisé, chacun pouvait s’amuser et faire tout ce qu’il voulait dans le mystère le plus complet.

Au fil des siècles, les masques se portaient de plus en plus pour toutes occasions, afin de transgresser les règles toujours plus longtemps ; ce qui conduisit la République Vénitienne à les interdire hors des périodes de fêtes pour limiter les excès de liberté. D’autres lois se mirent en place : l’utilisation des masques et des postiches dans les maisons closes devint interdite et les personnes qui allaient au casino masquées pour ne pas être repérées par leur créancier furent également bannies de ce lieu. Le masque connut alors un certain déclin jusqu’au 18ème siècle où des masques symboliques refirent leur apparition.

Les masques emblématiques de Venise et leur signification

La Bauta est probablement le masque le plus répandu : constitué d’un minois blanc, d’un chapeau tricorne et d’une cape noire, il était porté autant par les hommes que par les femmes et permettait de conserver l’anonymat. Pratique, il donnait la possibilité de manger, boire et parler et était très utilisé dans les scènes de séduction pour obtenir des promesses de plaisir charnel sans lendemain.

La Moretta, quant à lui, était un masque porté par les femmes et maintenu sur le visage grâce à une petite épingle serrée entre les dents. Il renforçait le mystère et empêchait les femmes de parler (pour le plus grand plaisir des hommes!).

Le masque du “mèdecin de la peste” est également un symbole vénitien avec son long nez rempli jadis d’herbes aromatiques.

La Gnaga est un masque de chat ne recouvrant que la moitié du visage et porté par les hommes désireux de se déguiser en femme.

Arlequin, Pierrot, Colombine et Polichinelle sont également des masques célèbres et font partie de la Commedia dell’arte, mouvement anti-littéraire pronant l’improvisation.

Si vous avez la chance d’aller à Venise, vous trouverez une multitude de masques, surtout pendant le carnaval (du 18 au 28 Février 2017)

Nota bene: Les masques authentiques faits à Venise sont surmontés d’un poinçon intérieur et il existe de nombreux ateliers fabriquant des masques magnifiques recouverts de feuilles d’or, peints à la main, brodés de perles et de plumes etc… Les plus anciens sont Ca’ Macana, Schegge et le laboratorio Artigiano Maschere.